samedi 16 février 2008

Zabriskie Point de Michaelo Antonioni


Zabriskie Point : L’étouffement du Possible



Deux âmes perdues dans le désert. Lui, vient d’assister à une fusillade entre des policiers et des étudiants Noirs à son université. Mai 68 a gagné le pays de l’Oncle Sam. La police tire sur ses étudiants. Mark a voulu riposter. Mais quelqu’un l’a fait à sa place. Peur de payer pour un crime qu’il n’a pas commis. Mark s’enfuit. Il vole un avion. Il s’envole.
Daria, elle, jeune hippie pas vraiment rebelle, ne se présente pas au travail. Son patron la cherche. Elle est partie " méditer ". Elle roule dans le désert lorsqu’un avion la poursuit, lui fait du gringue. Elle rit, s’étonne, un peu effrayée. " La Mort aux Trousses ". Hitchcock rode.


Mark pose son avion. Daria, intriguée, le rejoint. L’envol, déjà, s’érode. Un avion a besoin d’essence. La fuite de Mark ne peut être qu’éphémère. Celle de Daria n’en n’était pas une. Elle voulait simplement une " pause ". La politique ne l’intéresse pas.


Zabriskie Point, c’est la Vallée de la Mort, annonciatrice du drame que l’on sent venir. Du drame dont même Mark a conscience. " C’est mort ! " lance-t’il à Daria en contemplant l’étendue désertique qui se mue devant lui. Cette dernière voit dans cet endroit le symbole du renouveau. Il n’y a rien. La civilisation est ailleurs. Ici, ils sont seuls, tout y est enfin possible. C’est finalement le symbole de leur fuite. Du possible, sinon j'étouffe.


Alors on fait l’amour, union universelle et créatrice. Un fantasme se joue devant le spectateur. Daria et Mark ne sont pas seuls. D’autres couples –que dis-je ! Couple ? Vraiment ?- s’ébattent à leurs côtés, comme si c’était à Zabriskie Point que l’accomplissement des idéaux pouvait devenir possible.


Mais Mark et Daria sont bel et bien seuls. Une camionnette s’arrête. Un homme et une femme en descendent. Leur mouflet reste à l’intérieur, contemplant par la fenêtre un paysage auquel il n’a pas droit. L’homme murmure quelque chose à propos de l’argent qu’il pourrait se faire s’il implantait à cet endroit un lieu dont j’ai oublié le nom. Contamination du capitalisme, étouffant petit à petit les seuls lieux du Possible. Antonioni est amer, le spectateur aussi.


Alors on peint, on déguise l’avion. Ce travestissement fera sourire le policier qui tuera Mark, un peu désolé. Les esprits libres n’ont pas leur place dans cette société.


Daria, seule, rejoindra son patron dans sa villa, au beau milieu du désert. Celui-ci discute avec ses collègues un projet d’acheminement de l’eau. La contamination progresse. Daria s’enfuit. Le dernier plan, totalement jouissif, détruit, pulvérise la villa, symbole du capitalisme, de la société aliénante. Les plans du début, montrant le bureau où travaille Daria sont d’ailleurs complètement bouchés. Leurs perspectives inexistantes.


Mais cet anéantissement reste utopique, comme les couples s’ébattant dans le désert. Rien n’est possible. Mark a été assassiné. Son avion est cloué au sol. Et le spectateur avec. C’est ce terrible constat que nous pose Antonioni, avec une force impressionnante, muette. Pink Floyd résonne dans nos oreilles. Un film intemporel.

Critique écrite par Cancan


2 commentaires:

Didine a dit…

Waouw! I'm on the ace... Vous rugolez pas vous quand vous faîtes un blog. Ache con! Vous avez des critiques à faire pâlir le nouvel observateur! Chapeau bas!

L'oeil du cinéma a dit…

tais toi t'es méchante