jeudi 6 mars 2008

Soyez sympa, rembobinez de Michel Gondry

Be kind rewind - Les films faits à la maison



Le film dans le film, ou comment Michel Gondry nous expose les ficelles, les trucs et les machins, mais aussi (et surtout) les intentions de son propre cinéma.

"Be kind rewind" (gardons le titre original, le titre français pourtant littéralement traduit, rend très mal) est à Gondry ce que "La jeune fille de l'eau" était à Shyamalan. L'adhésion du public en plus. Car si dans "La jeune fille de l'eau", LE film incompris de 2006, la mise en abyme est moins évidente, dans "Be kind rewind" en revanche, c'est à peine si Gondry lui-même ne joue pas les rôles des deux interprètes principaux, d'ailleurs complémentaires puisque représentant le coeur et le corps (la tête se trouvant quelque part dans "La science des rêves").

Gondry, un peu comme Kusturica, aime déjouer les métaphores, les prendre au pied de la lettre, désincarner son cinéma de toute notion abstraite. Dans "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", le corps prenait le dessus sur le cerveau (littéralement effacé), dans "La science des rêves", le cerveau prenait corps, était mis à plat dans un délire disséqué presque accidentellement. Pas de mystère chez Gondry, il montre. Tout est là. Et si le personnage de Danny Glover écrit sur une feuille "Keep Jerry Out" (Interdit à Jerry d'entrer), c'est bien parce que l'entrée de Jerry dans le vidéo-club est littéralement dangereuse pour les K7 à louer.

Cette honnêteté cinématographique, ce désir de rendre visible, clair et explicite ce qui est d'ordinaire abstrait ou métaphorique, explique également son utilisation de ficelles volontairement grossières ("La science des rêves" est un film fait à la main) qu'il dévoile entièrement dans "Be kind rewind". Nous assistons à un film où Gondry nous montre comment il fait des films. Son désir d'expliciter va jusque là. Et c'est cette volonté de faire un cinéma participatif, rassembleur, qui rend ses films non pas naïfs, mais profondément attachants.

On ressort de "Be Kind Rewind", comme de ses précédents films, avec un grand sourire et un amour universel (jusqu'à ce qu'un connard en voiture vous fasse une queue de poisson)... Et une énorme envie de réaliser un film "suédé". Pour comprendre, allez voir le film. =P

critique écrite par Cancan


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