dimanche 23 mars 2008

It’s a free world de Ken Loach

It's a free world - Ken filme Barbie exploitée exploitant




It’s a free world. Devise éternelle de l’ultra libéralisme. Pour ne rien cacher, Ken Loach est plutôt de l’autre bord,en atteste sa filmographie et ses prises de position. Et ce film est un manifeste,rien de plus, rien de moins.

Ken Loach ne change pas avec l‘âge, il reste un spectateur attentif du monde qui l’entoure, et retranscrit sa vision toujours très fine de la société sur un mode se rapprochant du documentaire. Petit (gros) changement cette fois, il se place du point de vue de l’oppresseur. Ou plutôt de l’oppressé qui se mue en oppresseur pour s’en sortir.

Une jeune mère célibataire ( Angie ) enchaîne les petits boulots sans arriver à trouver un poste stable et suffisamment rémunéré pour (sur)vivre et s’occuper de son fils. Un jour,elle décide de créer sa propre agence de recrutement et ne reussi pas trop mal…en employant de multiples moyens illégaux ou immoraux.

Ici pas de jugements,juste une démonstration qui fait froid dans le dos par moment. Ce n’est pas le Tiers Monde qui est décrit ici,mais les sociétés occidentales actuelles et plus particulièrement Londres dont le système de protection sociale est inférieur au notre ( pour combien de temps?). Et la crédibilité de ce film le rend terriblement efficace. Loach évite parfaitement les artifices classiques: pointer du doigt un comportement individuel déviant (qui sera à la fin condamné sévèrement ou corrigé) et l’excuse unilatérale d’être une victime du système. L’ « héroïne » perd progressivement son humanité, tout en ayant la possibilité de faire marche arrière à plusieurs reprises, mais le processus de déshumanisation est enclenché. Kierston Wareing incarne superbement cette Angie, une battante qui se cherche, que l’on pardonne plus qu’on ne condamne malgré tout, et qu’on se surprend à soutenir.

A titre personnel je regrette le léger manque d’émotion dégagée qui aurait peut être apporter encore plus de poids au propos,manque d’émotion peut être dû à cette réalisation si particulière. C’est la première fois ou je regrette ça sur un Ken Loach (pour en avoir vu 5 autres), mais qui est peut être pour surligner encore plus la froideur de ce Londres réel bien loin des cartes postales de Trafalgar square ou de la reine mère et ses robes hideuses .

Très bon film donc, pas son meilleur pour ma part, mais une grande réussite assurément. Vivement le prochain!


Critique écrite par Chetito

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